Dans l’Alabama ségrégationniste des années 1930, pour un
« homme de couleur » accusé d’avoir violé une « femme
blanche », le lynchage est un avenir plus probable qu’un
procès équitable. Tom Robinson, lui, échappe de peu au lynchage,
mais pas au procès inique. Malgré tous les doutes que son avocat,
Atticus Finch va soulever dans les contre-interrogatoires des
témoins, le jury et le juge – tous « blancs » et tous
convaincus, avant même l’ouverture du procès, de la culpabilité
de l’accusé – condamneront ce coupable tout désigné. Bien des
mois plus tard, Finch découvrira les dessous de cette sordide
affaire, mais Robinson n’en profitera pas : il a été abattu
alors qu’il tentait de s’évader.
Avec son roman To Kill a Mockingbird (1961 ;
traduction française : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur,
1961), Harper Lee avait frappé un grand coup. Un roman qui a
secoué les États-Unis, et qui, bien que récompensé par un prix
Pulitzer en 1961, n’a pas fait l’unanimité dans la société
états-unienne, ni même chez les critiques littéraires. Certains
n’ont pas apprécié le portrait trop manichéen de ce Sud-là,
avec ses personnages unidimensionnels, « Blancs »
racistes et « Noirs » victimes. D’autres lui ont
reproché d’avoir fait d’une fillette d’une demi-douzaine
d’années (la fille de l’avocat) la narratrice de faits dont la
compréhension devrait lui échapper. D’autres encore estiment que
pour un livre qui prétend (d’après eux) être destiné aux
enfants, certains faits décrits dans le livre sont, au contraire, à
garder hors de portée de lecture des enfants. Mais, dans le camp de
ceux qui l’ont applaudi, certains y ont même vu un roman qui a
contribué, à sa manière, à la prise de conscience sur les
discriminations raciales et même à l’émergence du mouvement pour
les droits civiques des « afro-américains ». Et des
avocats révèlent que c’est l’exemple d’Atticus Finch qui leur
a donné envie d’embrasser cette carrière-là.
Quoi qu’il en soit, plus de 50 ans après sa publication, ce
roman fait désormais partie des « classiques » de la
littérature états-unienne.
Et le film To Kill a Mockingbird / Du silence et
des ombres (1962) de Robert Mulligan, sur un scénario de
Horton Foote fidèle au livre, avec Gregory Peck dans le rôle
d’Atticus Finch, est, de son côté, un des grands films « de
procès ». Et même un grand film tout court.
Et, en clin d’œil à ce très proche changement d’année,
pourquoi ne pas souhaiter que l’année qui s’avance apporte un
peu plus de justice ici et là dans le monde ?
* * * * *
Défis. Ce billet répond au défi suivant :
Un grand roman, qu'il m'arrive régulièrement de conseiller (et d'offrir), de la lecture duquel on a envie de sortir meilleur...et le film est remarquable aussi.
RépondreSupprimerMerci d'en avoir parlé.
Nous nous rejoignons donc sur ce point, compère ! :-)
RépondreSupprimerBonjour Xavier, j'espère que tu vas bien. Je t'envoie un petit mot pour te dire que je relance le challenge justice cette année ^^ comme tu as été mon plus gros contributeur je voulais t'en informer ! si tu es intéressé, tu es bien sûr le bienvenu :)
RépondreSupprimerhttp://art-enciel.over-blog.com/article-challenge-justice-ii-117281626.html
à bientôt peut-être et bravo pour tous ces billets, je suis vraiment impressionnée :)
Je reconnais avoir délaissé ces défis littéraires, ces derniers mois. Mais puisqu'on me relance gentiment, j'y retournerai peut-être ! ;-)
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